C’est le 25 septembre 1513 qu’un européen découvre l’océan Pacifique, encore inconnu à l’époque sur le vieux continent.
Le conquistador espagnol Vasco Nuñez de Balboa, à l’âge de 38 ans, pénètre dans les eaux du Pacifique et prend possession de la cordillère d’Amérique Centrale au nom du roi d’Espagne.
Les débuts de Vasco Nuñez de Balboa
Né dans le Royaume de Castille en 1475, Vasco Nuñez de Balboa est un descendant des seigneurs du château de Balboa. Si l’on ne connaît pas grand-chose de son enfance, l’on sait toutefois qu’il servit d’écuyer et de page au seigneur de Moguer Pedre de Portocarrero dans son adolescence.
Au tout début du XVIe siècle, poussé par son seigneur qui lui relate l’épopée de Christophe Colomb en Amérique, Balboa décide de partir pour le Nouveau Monde en rejoignant l’expédition de Rodrigo de Bastidas.
Il découvre alors la mer des Caraïbes et gagne assez d’argent pour créer une entreprise agricole sur l’île d’Hispaniola (actuels République Dominicaine et Haiti).
Contraint d’abandonner son activité en raison de son endettement, Balboa fuit clandestinement pour l’île de San Juan Bautista (actuel Porto Rico).
Apprécié de ses compagnons de voyage pour sa connaissance du territoire et son charisme, il pousse la colonie à déménager dans la région du Darién (actuel Panama) pour fuir les dangers de San Sebastián.
Dans le Darién, c’est une armée de 500 guerriers indigènes qui attend les colons.
Apeurés, ces derniers invoquent la Virgen de La Antigua et jurent de donner son nom à une ville de la région s’ils remportent la bataille. La bataille est gagnée non sans mal et les Espagnols mettent à sac les habitations en récoltant un butin considérable.
Vasco Nuñez de Balboa décide alors de fonder Santa María de Antigua de Darién, première colonie permanente de la Tierra Firme (terre ferme).
A la conquête de l’isthme de Panama
Balboa dévoile peu à peu sa facette de conquistador et entreprend, le 1er septembre 1513, d’explorer la région, accompagné de plusieurs dizaines de colons, de guides autochtones et d’une meute de chiens.
Le 24 septembre 1513, ils arrivent sur les terres du cacique Torecha où une bataille féroce se déchaîne. Torecha meurt au combat et ses hommes prennent la décision de rejoindre les rangs de Balboa.
Alors que la majeure partie du groupe, épuisée par les longues marches et les combats, décide de se reposer un temps à Cuarecuá, Balboa poursuit sa progression accompagné de quelques vétérans.
Le 25 septembre 1513, ils avancent en direction de la cordillère du río Chucunaque. Balboa marche en tête et atteint à la mi-journée le sommet. Il y découvre une étendue d’eau qui semble se prolonger à l’infini : Balboa et ses compagnons viennent de découvrir l’océan Pacifique.
La traversée de la mer du Sud
Après le moment épique de la découverte de l’isthme, l’expédition se poursuit en direction de la mer. Alson Martín dirige un groupe et trouve un chemin qui mène à l’eau. Il affirme alors être le premier à avoir navigué sur la mer à bord d’un canoë. Il en informe Balboa qui part aussitôt à la conquête du territoire. Face à la plage, Balboa brandit un drapeau à l’effigie de la Vierge Marie et une épée, s’avance vers la mer et en prend possession sous le nom de « Mer du Sud ».
Une centaine de kilomètres plus loin, le conquistador découvre une baie qu’il baptise San Miguel.
Non content de ses découvertes, il part ensuite piller l’or des comarques (communautés) administrées par les chefs Tumaco et Coquera.
En chemin, il apprend que les îles de Terarequí (un autre cacique) regorgent de perles. Il prend un canoë et navigue jusqu’aux îles. La première et la plus grande lui apparaît comme une terre d’abondance. A peine y met-il les pieds qu’il décide de l’appeler « Isla Rica » (île riche). On la connaît aujourd’hui sous le nom de « Isla del Rey » (île du roi).
La découverte de la mer du sud fait aujourd’hui partie des conquêtes les plus importantes après la découverte de l’Amérique.
L’héritage de Balboa sur l’isthme et aux quatre coins de la planète
Accusé de traîtrise envers le pouvoir en place, Balboa est condamné à la décapitation le 15 janvier 1519. Sa tête, ainsi que celles de 4 de ses amis accusés de complicité, sera exposée durant plusieurs jours dans le village d’Acla.
Reste du conquistador un riche héritage aujourd’hui visible non seulement au Panama, mais aussi en Espagne et en Californie.
Et si le nom de Balboa vous rappelle autre chose que celui du conquistador, c’est qu’il a été donné à divers endroits un peu partout dans le monde.
Ainsi, au Panama, de nombreuses avenues, des rues, des monuments et des parcs portent aujourd’hui son nom (un bâtiment est d’ailleurs consacré à la conquête de l’isthme par l’aventurier).
Pour faire honneur à l’Espagnol, le Panama a décidé de donner son nom à sa monnaie (PAB). Certaines pièces de balboa arborent d’ailleurs le visage du conquistador.
Le port de Balboa est également l’un des ports les plus importants du canal de Panama et le district de Balboa englobe l’archipel des perles.
Le conquistador est aussi mis à l’honneur en Espagne puisqu’une rue de Cadix et une station de métro de Madrid portent également son nom.
En Californie, l’on retrouve le parc Balboa à San Diego.
C’est grâce au conquistador Balboa que l’océan Pacifique et l’isthme de Panama furent connus des européens.
Car, bien que colonisé depuis déjà des siècles par les ancêtres des Polynésiens, l’océan n’était pas encore une réalité européenne.
Le nom de « Mer du Sud » ne fut abandonné que quelques années plus tard, quand le grand navigateur portugais Magellan découvrit la voie maritime qui permettait d’y accéder.